Photographier au flash TTL

Photographier au flash TTL

Mon retour d’expérience et conseils pour photographier au flash TTL

Les conseils suivants sont particulièrement écrits pour être utilisés avec du matériel Canon et le protocole e-TTL, mais je les pense adaptables et relativement universels. Ils s’appliquent tout autant à des flashs Cobras sur boitier ou déportés, qu’à des flashs de Studio (comme sur la photo illustrative), dès lors qu’il est bien question de protocole TTL. 

Mais pourquoi travailler encore au flash, me direz-vous !

Je constate que beaucoup autour de moi, même professionnels n’y ont plus recours. C’est dépassé au constat des hauts ISOs désormais disponibles sur les boîtiers numériques de dernière génération, me répondent-ils !

Eh bien, Non ! Ce n’est pas mon point de vue. Je m’explique.

Mes boîtiers, comme vous pourrez le constater ici, sont très bons en hauts ISOs; pour autant, je vois la différence avec l’utilisation d’un flash, lorsqu’il est nécessaire et utilisé à bon escient.

Pour ne citer qu’un exemple : dans une situation de contrejour, un boîtier en haut ISOs ne permettra pas sans flash, d’avoir à la fois, un premier plan et un arrière-plan bien exposés… il faudra jouer avec le post traitement pour compenser, à supposer que les zones surexposées ne soient pas « cramées » et on n’aura jamais la même qualité lorsque l’on va chercher à faire ressortir des détails dans les ombres par rapport à une exposition correctement réalisée. On perd nécessairement du piqué, du détail, du contraste, de la profondeur en couleurs… car si la zone sombre a bien été exposée avec un éclairage additionnel, elle sera codée sur 14 bits (16384 nuances de gris) et on exploitera tout le potentiel du capteur… A contrario, si elle est restée sombre, c’est comme si elle était codée en 5,6,7 ou 8 bits (256 nuances de gris au mieux) et elle sera bruitée (c’est mathématique!). Certes, les logiciels de post traitements sont performants (avec parfois même de l’IA), mais ce qui n’a pas été saisi sur le Raw est perdu; je dirais que c’est, de mon point de vue, du « rattrapage » que d’aller ré-éclaircir des zones sombres en post-traitement… ce n’est pas l’optimum attendu, surtout si c’est là, dans ce 1er plan trop sombre, que se situe le sujet principal.

 

Donc Non, ce n’est pas dépassé ! Disons que l’on peut (peut-être) un peu plus s’en passer, du fait des dernières technologies disponibles sur les boîtiers et surtout sur les logiciels de post-traitements. Ce sera sans doute suffisant pour des clichés qui ne vont être tirés qu’en 10×15 ou 13×18, mais à quoi bon faire des images de 20,30 ou 40 MPix si c’est l’usage auquel on les destine ! 

A ce stade, si je vous ai convaincu ou intéressé, … je vous laisse donc poursuivre. Je reste à votre écoute. Bonne lecture !

 

En tout premier lieu, il faut déterminer la situation (l’environnement et le contexte d’éclairage ambiant) dans laquelle on se situe, ainsi que qualifier l’objectif visé.

J’ai d’emblée distingué les 2 contextes suivants :

  • celui pour lequel la situation et/ou l’objectif visé font que l’éclairage au flash sera dominant;

  • de celui pour lequel, il ne vient qu’en appoint de l’éclairage ambiant.

 

L’éclairage au flash est dominant / l’éclairage naturel est faible

  • Scène sombre (l’éclairage naturel est quasi inexistant) (voici les différentes options à envisager et à tester dans le contexte) :
    1. se mettre en mesure d’expo locale et faire une mémo expo flash en zoomant(*) sur l’# gris moyen –
    2. se mettre en mesure d’expo évaluative sans réaliser de mémo d’expo –
    3. se mettre en mesure d’expo locale sans mémo d’expo, dans le cas où l’on veut s’affranchir d’un arrière-plan, éventuellement très décalé en exposition de la scène cible et qui pourrait être trop pris en compte par la mesure évaluative.

L’option n°2 si elle donne satisfaction dans le contexte est la plus aisée à mettre en œuvre.

  • Premier plan à éclairer / arrière plan secondaire à assombrir ( l’arrière-plan fait l’objet d’un éclairement d’ambiance faible, mais on souhaite atténuer sa « présence » pour une meilleure mise en valeur du 1er plan) :
    1. se mettre en mesure évaluative et sous exposer de par exemple #2Ev, le flash restant en exposition normale, sans réaliser aucune mémorisation d’exposition –
    2. se mettre en mesure d’expo locale et faire mémo expo sur l’arrière-plan en zoomant sur l’# gris moyen, avec une sous exposition de #2Ev; faire une mémo expo flash en zoomant(*) sur l’# gris moyen, le flash étant en exposition normale.

L’option n°1 si elle donne satisfaction dans le contexte est (de loin) la plus aisée à mettre en œuvre.

  • Premier plan à éclairer / arrière plan à mettre en valeur (Important ! À n’utiliser que si l’arrière-plan (ou le détail ciblé) fait l’objet d’un éclairement d’ambiance supérieur à celui du 1er plan. Moyennant cette hypothèse, on souhaitera contrôler et si possible réaliser une exposition « correcte de cet arrière-plan ou d’un détail ciblé) :
    • Se mettre en mesure d’expo locale et faire une mémo expo sur l’arrière-plan en zoomant sur l’# gris moyen ((éventuellement du détail à cibler), avec une exposition normale -a priori-; faire une mémo expo flash en zoomant(*) sur l’# gris moyen du 1er plan sombre, le flash étant en exposition normale. À noter que si l’écart d’exposition est très important, on peut tomber sur une insuffisance de puissance du flash à compenser (d’autant qu’il aura peut-être été nécessaire de passer le flash en synchro haute vitesse) (on peut dans ce cas décider d’emblée d’une surexposition de l’arrière-plan, ou si c’est le cas, de diminuer les ISO pour diminuer la vitesse d’obturation et repasser le flash en mode normal pour bénéficier de son maximum de puissance).
  • À noter qu’il est exclu d’exposer correctement un arrière-plan dont l’éclairage d’ambiance serait inférieur à celui du 1er plan. Dans cette situation toute tentative se traduira immanquablement par une surexposition (éventuellement très forte) du 1er plan exposé au flash, puisqu’il sera déjà surexposé en l’absence de flash.
PS : dans cette situation d’éclairage ambiant faible, on pourra prendre (a priori) avec le flash en mode normal (et non en HSS). Si la scène est dynamique et que l’on ne veut pas de filé, il faut prendre à une vitesse suffisamment élevée; dans le cas contraire, se mettre sur le 2ème rideau avec une vitesse suffisamment basse pour la visualisation du filé. Accessoirement la combinaison vitesse faible et sous exposition permet d’abaisser la sensibilité Iso et donc de gagner en qualité.
(*) Attention, quand on zoome pour faire une mémo d’exposition au flash, il faut veiller à ce que l’éventuel zoom automatique du réflecteur du flash soit désactivé et faire le choix de la focale adaptée en manuel sur le flash.

 

Le Flash est en fill-in pour débouchage des ombres

Dans ce cas de figure, l’éclairage naturel est dominant, un complément au flash est nécessaire, notamment pour traiter un contrejour, adoucir l’éclairage ou le rendre plus qualitatif.

 

  • Premier plan sombre (il y a un contrejour important) / l’arrière plan est à exposer correctement (voici les différentes options à envisager et à tester dans le contexte) :
    1. se mettre en mesure d’expo locale et faire mémo expo sur l’arrière-plan en zoomant sur l’# gris moyen, avec une exposition normale a priori; faire une mémo expo flash en zoomant sur l’# gris moyen du 1er plan sombre, le flash étant en exposition normale. À noter que si l’écart d’exposition est très important, on peut tomber soit sur une insuffisance de puissance du flash à compenser, soit sur une surexposition de l’arrière-plan (on peut dans ce cas décider d’emblée de cette surexposition de l’arrière-plan).
    2. on peut tenter plus simple mais en ne cherchant pas à contrôler l’arrière-plan, avec un risque de sous exposition du 1er plan ou de surexposition de l’arrière-plan, avec une mesure évaluative sans mémo d’exposition ou avec une simple mémo d’exposition flash en zoomant sur un #gris du premier plan.

La n°1 est la seule méthode à répondre à l’exigence formulée, mais si la n°2 donne satisfaction dans le contexte, c’est la plus aisée à mettre en œuvre.

  • Situation de léger contrejour :
    • à priori on fait simple, se mettre en mesure évaluative sans mémo d’exposition ou avec une simple mémo d’exposition flash en zoomant sur un #gris du premier plan. Le cas échéant on corrige suivant le cas, en sur (1er plan trop sombre) ou sous exposant (arrière plan cramé), en sous exposant le flash si le complément flash génère une surexposition du 1er plan.
    • En recours, le processus n°1 dans le cas précédent, répond à la problématique.
  • Pas de contrejour à compenser, mais : flash en éclairage additionnel pour rehausser la température de couleur (sujets à l’ombre), ou atténuer les ombres dures (exposition directe au soleil)…
    • A priori, se mettre en mesure évaluative, on peut sous exposer un peu, pour redonner un peu plus d’importance au flash (maintenu en exposition normale) dans l’éclairement du premier plan… si le résultat est non satisfaisant (tendance à la surexposition); on peut sous exposer également le flash.

 

Remarques diverses

  • On peut vouloir exceptionnellement surexposer un arrière-plan, pour assurer une exposition correcte sur le 1er plan plus sombre.
    • Ce choix s’impose si on n’utilise pas de flash ! (à moins de s’accommoder de la réalisation d’un post-traitement qui va optimiser l’éclaircissement des plages trop sombres en révélant les détails… il n’y a toutefois pas de « miracle » au plan qualitatif). Dans le cas où on utilise un flash, il y aura potentiellement un risque de surexposition du 1er plan, si le facteur de surexposition adopté pour l’arrière-plan est trop élevé, amplifié de l’addition de l’éclairage au flash.
  • On peut avoir besoin de surexposer également l’arrière-plan, lorsque l’on manque de puissance flash pour correctement exposer le 1er plan (différence d’exposition trop importante entre les deux plans) (notamment si le flash est en mode HSS (synchronisation haute vitesse) du fait de vitesses d’obturation élevées, car dans ce mode la puissance d’éclairement maxi disponible est plus faible que dans le mode normal).
    • Dans cette situation, la 1ère des choses à faire, est de vérifier si en diminuant la sensibilité ISO ou en fermant le diaphragme; on peut redescendre en dessous du seuil vitesse de synchronisation et retrouver de la puissance sur le flash en le repassant en mode Normal.
    • Si cela ne suffit pas ou n’est pas envisageable, la solution passe effectivement par une surexposition modérée de l’arrière-plan ce qui diminuera le besoin de compensation par le flash et donc de puissance.
  • Il y a une autre situation de risque, lorsque l’on veut amener un apport d’éclairage au flash (par exemple pour aplatir les ombres, ou pour réhausser les couleurs) et qu’il n’y a pas nécessité de le faire au constat du différentiel de luminosité entre 1er plan et arrière-plan. Le risque est alors, la très forte surexposition du 1er plan, tout particulièrement si on a utilisé (éventuellement malencontreusement) la mémorisation d’exposition (ce qui annule le fill-in « automatique »).
    • La mémorisation d’exposition est à proscrire dans cette situation;
    • je recommande également de légèrement sous-exposer; tout en conservant une exposition correcte du flash; c’est absolument nécessaire au vu de l’objectif énoncé (à noter que sous exposer le flash serait insuffisant et ne ferait au mieux que limiter le risque de surexposition, puisque l’on additionne le flash à une exposition a priori définie correcte sans le flash, notamment si l’on avait utilisé la mémo d’exposition)
  • Lorsque l’apport du flash doit être faible; attention à la puissance minimum délivrable par le flash (notamment en HSS qui n’exploite pas les dosages mini de puissance du flash) qui pourrait être trop élevée et générer une surexposition (tout particulièrement si la vitesse d’obturation est faible… proche ou pire inférieure à la vitesse de synchronisation).
    • L’action corrective dans ce cas de figure, est de sous exposer pour redonner de l’importance à l’éclairement additionnel apportée par le flash.
  • A contrario, nous avons précédemment vu qu’il fallait être attentif à ne pas manquer de puissance de flash (notamment en mode HSS) (tout particulièrement lorsque la vitesse d’obturation est très élevée).
    • La solution pour retrouver de la puissance de flash, est de passer en mode normal en autorisant une vitesse d’obturation inférieure ou égale à la vitesse de synchronisation (en fermant un peu plus le diaphragme et/ou en descendant vers le mini des Iso – penser à utiliser le décalage de sécurité sur les ISO-).
    • A défaut de possibilité, la solution est de légèrement surexposer l’ambiance pour diminuer la nécessité de compensation par le flash.

A l’écoute de vos commentaires « correctifs » ou « additionnels »

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